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Octobre 2006


Le développement durable : de l'utopie à la réalité ?
Tout le monde a entendu parler de développement durable, concept inventé dans les années 80 par des politiques et des ONG soucieux de contrer les excès du modèle dominant caractérisé par la compétition, l'individualisme et le matérialisme, la prépondérance du court terme.
Cependant, malgré les bonnes paroles en matière de développement durable, les choses changent peu et très lentement. Pire, le concept est devenu un fourre-tout galvaudé : certains y voient une opportunité de marché à exploiter sans vergogne, d'autres un alibi pour agir en marge tout en se donnant bonne conscience, d'autres encore une opportunité pour briller dans des salons parisiens.
A Angenius, nous pensons pourtant qu'un changement de fond est en train de prendre forme et que l'on peut accélérer les choses en intégrant les technologies modernes (TIC), les démarches libres et des démarches collaborative au coeur du développement durable.

Comment et pourquoi ? C'est ce que nous proposons d'expliciter ici...


I- Enjeux planétaires, individualisme et connaissance

Les enjeux à relever pour le développement durable sont le traitement des urgences planétaires dans un contexte de recul de la citoyenneté.
Le problème est que, malgré les évidences scientifiques et l'accumulation de signes précurseurs de catastrophe, tout le monde continue de faire comme si de rien n'était, à l'image de celui qui tombe d'un gratte-ciel et à chaque etage se répète : 'jusque là, tout va bien'.
La chance historique de notre époque est la montée en puissance de la société de l'information et de la connaissance au niveau global.
  • L'urgence planétaire. Il est aujourd'hui reconnu par une portion croissante de décideurs, qu'il faut enrayer au plus vite les dégradations que l'homme inflige à la planète. Notre empreinte écologique en France (la pression que l'homme exerce sur la terre) équivaut à consommer 3 planètes ! Voir l'explosion de publications scientifiques et d'évènements grand public depuis 18 mois (dernier exemple : Al Gore et « Unconvenient truth »), qui racontent la chronique d'un désastre annoncé pour l'espèce humaine d'ici 2030 : crises liées à l'énergie, l'alimentation, l'eau, la pollution de l'air, multiplication des catastrophes naturelles, extinction de la biodiversité... On s'intéresse de plus près aux civilisations qui se sont effondrées pour avoir ignoré ces enjeux (Ile de Pâques, Sumériens, voir « Collapse », de Jared Diamond ou « Ecologie de l'Apocalypse » de Dominique Viel ).
  • Le recul de la citoyenneté. L'intérêt collectif est troué par l'individualisme : culte du corps, du moi, la moisson des désirs frabriqués par des marques éphémères, les images d'ideaux plastifiés proposés comme modèle par les mass media. L'individu se définit aujourd'hui par ce qu'il gagne, ce qu'il consomme et ce qu'il porte. Il zappe sa chaîne TV, sa voiture, ses marques... et même ses amis ! Parallèlement, on observe une désaffection de la politique (qui était, à l'époque de Platon, l'art de gérer la Cité). L'action pour le bien collectif devient l'apanage des utopistes. « La planète va mal ? C'est pas mon problème, l'Etat doit s'en occuper ».
  • La société de l'information et de la connaissance. Grâce à Internet, aux TIC et le fait qu'une majorité des gens ait aujourd'hui accès à la technologie de façon directe ou par personne interposée (téléphone mobile, ordinateur, appareil photo numérique ou PDA), l'homme a accès partout et en un temps record à une information abondante, diversifiée. Il est aussi de moins en moins tributaire de monopoles d'émission (même si encore beaucoup n'en ont pas conscience).
Combiner l'action dans ces trois domaines, alors que les signes de craquement du modèle dominant sont de plus en plus visibles, est une chance historique pour que le développement durable s'impose enfin par des choix individuels et collectifs éclairés, rendus possible par une information libre et diversifiée...
Faute de quoi notre société deviendra une société opulente selon les critères de consommation, mais désincarnée, où le virtuel remplace la réalité devenue trop insoutenable.


II- Libre, TIC et durable

Ou comment les TIC et le libre accès à la connaissance peuvent catalyser le changement et engager la société vers des modes de vie durables.


Libre + Durable = mobiliser les envies individuelles pour un intérêt collectif

Dans une société caractérisée par l'individualisme, le changement passe par la capacité à donner envie aux individus d'agir en leur donnant le choix de s'engager librement.
Il ne peut en la matière s'agir « d'éducation au développement durable », au sens d'une discipline inculquée par quelques uns (instituteurs ou aux siècles derniers, l'église). Dans notre société du jetable, où on peut zapper presque tout ce que l'on veut, il est illusoire de vouloir imposer des modes de vie aux gens : ce ne serait pas durable, car trop facile à contourner.
L'enjeu est de donner à chacun les moyens de comprendre les enjeux planétaires, et de laisser chacun adapter librement ses modes de vie selon ses préférences et ses moyens. Il faut ensuite faciliter la collaboration entre humains, afin de fonder des solutions collectives attrayantes sur les envies individuelles et les contributions libres. Les mots clés : libre, envie, collaboratif, diffusion de la connaissance.
Voir notre article sur Libre et Durable.

TIC + Durable = rendre possible l'intelligence collective

Il existe des liens directs entre TIC et durable, la meilleure preuve en étant l'exploitation croissante par le marché de la dématérialisation et de la lutte contre le changement climatique (moins de papier, moins de déplacements par télétravail et téléconférence = moins de CO2).
Au delà de cette approche qui corrige les effets d'un système en place, une approche plus forte consiste à intégrer les TIC dans la conception du modèle pour le rendre intelligent. Cette intelligence en amont peut permettre de réduire les impacts de 50 à 80% (cf OPL, écologie industrielle, métabolisme territorial?).
L'autre enjeu, tout aussi fondamental, est que les TIC peuvent par nature permettre une diffusion accélérée de la connaissance, de manière modulaire ou interactive selon les besoins des individus. En ce sens, les TIC peuvent être un formidable vecteur d'auto-formation vers le développement durable, de manière décentralisée et non pyramidale (images extraites de WIKI-Brest)


Libre + TIC + Durable = une opportunité historique ?

Jusqu'à présent, les gens qui avaient des choses importantes à dire et qui souhaitaient partager leur connaissance, n'avaient pas les moyens matériels d'exprimer leurs opinions facilement auprès de leurs audiences. Soit par manque de moyens d'émission pour être entendu dans le brouhaha ambiant (exemples des « feuilles de choux » alter-mondialistes ou des radios libres face aux grands monopoles émetteurs), soit par manque de liberté (exemple de Galilée face à l'inquisition, censures qui ont existé de tous temps et perdureront encore).
L'opportunité historique aujourd'hui, c'est à travers Internet la possibilité pour chacun de s'exprimer librement et de communiquer avec d'autres acteurs aux quatre coins du monde, comme ils le souhaitent. De plus, à travers des réseaux collaboratifs, Internet permet maintenant de faire émerger des points de vue collectifs, qui commencent à être entendus par les « autorités » en place.

Illustration : l'extraordinaire boom des blogues (il se crée un blog par seconde dans le monde actuellement !), des wikis et de Wikipedia, du P2P, qui se traduisent d'ailleurs par une montée en flèche de la valorisation boursière des eBay, Google, Yahoo, mySpace...

La majorité de la population en France possède un «appareil nomade » (téléphones portables, PDA, ordinateur portable). Tout ceci donne à tout un chacun un pouvoir d'émettre et de recevoir des informations de pair à pair (mail, téléphone), ou sous forme de publication plus large (blogue, wikis). Cet engouement représente un facteur historique pour accélérer le changement via une propagation de proche en proche visant à solliciter l'engagement d'individu favorisés face aux outils technologiques (par leur niveau de ressource, leur éducation, ou par simple chance), vers des modes de vie durables en relation avec l'avenir de la planète. Il s'agit de combiner le facteur de propagation de ces technologies nouvelles et leur adoption rapide par les nouvelles générations, avec la diffusion de connaissances concrètes sur un développement durable producteur de sens (par contraste avec les contenus éphémères que l'on vend d'habitude avec les gadgets branchés).

L'enjeu est d'entrelacer les trois dimensions : utiliser l'extraordinaire boom des TIC et des moyens d'accès à la connaissance, pour diffuser un contenu vital à la survie de l'espèce, sous forme réplicable sans contrainte. L'idée est qu'on peut à la fois « être branché » nouvelles technologies, faire des choix individuels et être producteur de sens par rapport à ce qui se passe sur notre planète. C'est l'enjeu de « Libre et Durable ». De cette manière, nous avons l'espoir qu'une action de masse, basée sur des choix individuels libres, pourra répondre au défi de l'urgence planétaire (images extraites de CLISS21, de La Quinarderie). Voir TICA, "Territoires Intelligents et des Communautés Apprenantes"



III- Nos leviers d'action

Notre modèle

Notre modèle est celui d'un accélérateur de projets de développement durable, selon un modèle qui est celui du logiciel libre : au sens propre comme au sens figuré, Angenius met en place une « Graine de libre dans le développement durable », avec des communautés apprenantes qui collaborent en réseau pour améliorer et transmettre le « génome du libre et durable ». Nos leviers d'action :
  • Code source. Développer une base de connaissance de la durabilité, ensemble de savoir intègres sur les problèmes et les solutions, basés sur les réalisations concrètes d'acteurs qui font, au lieu de parler, et qui partagent la connaissance au lieu de la cadenasser. L'objectif est d'offrir un accès libre à ces connaissances aux pionniers et aux acteurs engagés (sans auncune restriction).
  • Cellules souches. Accélérer l'adoption de modes de vie durables en implantant des « cellules souches » dans des sites pilotes. Ces cellules souches sont un genre d'éprouvettes de la durabilité, en réseau, qui échangent librement sur les problèmes, solutions et aspects pratiques rencontrés (un peu comme sur un forum d'utilisateurs de logiciels libres). Elles se dégagent de la contrainte temporelle : le code source reste intègre, car libre et partagé dans le réseau ; en fonction du contexte certaines éprouvettes écloront plus vite que d'autres et serviront d'exemple précurseur (pilote de démonstration, pour passer du local au global, exemple Bedzed).
  • Diffusion libre de la connaissance. Développer une capacité d'action sans restriction en matière de TIC, outils collaboratifs et libres, basée sur ces communautés apprenantes, pour assurer la diffusion rapide des solutions émergentes. La pérennité du modèle est garantie par son aspect « viral » : ouverture et gratuité des usages ; des outils au service des usagers et non l'inverse ; une copropriété libre, développée et entretenue par les utilisateurs.

Actions phares 2006-2013

Il s'agit d'implanter des cellules souches à plusieurs endroits et de mettre en réseau les communautés apprenantes qui les animent.
  • Sites pilotes physiques, lieux de catalyse et de démonstration : la Quinarderie, Bedzed, sites OPL, Loos en Gohelle, Saint-Etienne
  • Réseaux de catalystes qui maîtrisent un principe actif de la biosphère (ou plusieurs) et améliorent le code source dans leur domaine d'expertise : Bedzed et OPL, Intelligence verte (Desbrosses), GFN. Intelligence transport, Media libre (Groupe Innovapresse)...
  • Activistes du développement durable dans la noosphère : artisans du collaboratifs et du libre, qui mettent en place des outils et des capacités décentralisées au service des utilisateurs. Communauté WIKI, LUG Linux, CLISS 21, WIKI-Brest, acteurs développant un accès populaire à Internet (WIMAX, PC recyclés, points relais)... Demain, la ferme noosphérique
  • Réseaux d'expertise et éducation qui facilitent le transfert de cette connaissance et son adoption par la société civile : HEC, Mines, Lille 1 &2, Fondaterra, CNRS...


Page modifiée dernièrement le Jeudi 02 Novembre, 2006 [07:03:26 UTC]

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